Témoignages parents-enfants : association Contact

Témoignages reçues via l’association Contact Normandie.

(voir interview de l’association Contact Normandie par GAYVIKING)

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Témoignage de David

Je m’appelle David et j’ai 28 ans.
 
Jusqu’à 22 ans, déjà tout petit, je me sentais attiré par des garçons mais je me le cachais complètement. J’ai pris conscience très tôt qu’il n’était pas bon d’être différent des autres. Je ne voulais pas que l’on se moque de moi comme on le faisait avec ceux qui n’étaient pas « normaux » : les pédés, les tarlouzes, les lopettes, les pédales, les tantouzes… Comme beaucoup d’autres, j’avais assimilé l’homosexualité à quelque chose de dégoûtant, d’anormal. J’ai lutté longtemps pour évacuer ces « mauvaises pensées » de ma tête. Entre 15 et 22 ans, je suis sorti avec quelques filles (6 ou 7 il me semble). À chaque fois, c’était un effort surhumain d’aborder les filles mais je mettais cela sur le compte de la timidité. Quand mes copains d’école au collège et au lycée parlaient des filles, je n’arrivais pas à m’intéresser à ce qu’ils disaient.
 
Pourtant, je n’étais pas une « tarlouze » donc je devais sortir avec des filles pour que mon honneur soit sauf. Les autres savaient que j’étais déjà sorti avec des filles… OUF !!
Seul petit problème, quand on fait du sport au collège et qu’on est à l’internat au lycée, il y a des moments où on devait se laver dans les douches communes. Encore une fois, je me disais que j’étais timide, ce qui expliquait mon malaise quand je montrais mon corps et que je voyais le corps des autres garçons. Je me sentais de plus en plus mal, et le simple regard sur le corps d’un copain me faisait rougir. Je me forçais à penser à quelque chose de désagréable pour ne pas avoir de réactions physiques visibles (enfin vous voyez ce que je veux dire…) qui m’auraient trahi.
Puis, je me suis retrouvé en classe préparatoire scientifique à Orléans. Je me sentais de plus en plus mal psychologiquement. Je me rendais bien compte que je me sentais attirés par certains beaux garçons. Mais je me réfugiais dans le travail. J’avais tellement honte que j’essayais de ne plus y penser. C’est à cette époque que j’ai commencé à confier mon secret « honteux » à l’infirmière du Lycée. Celle-ci n’a jamais porté de jugement sur ce que je lui disais. Après lui en avoir parlé, j’étais mieux pendant quelques jours. J’avais l’impression que c’était une « une passade » qui allait partir si j’en parlais.
Puis j’ai intégré une école d’ingénieurs qui se trouvait à Paris. J’ai passé encore un an à me mentir, j’étais de plus en plus mal psychologiquement et mes relations avec les filles ne menaient à rien. Les filles m’aimaient bien, sans plus, et moi je n’étais pas très impliqué.
 
J’ai accepté mon homosexualité à 22 ans
Puis, le 13 juillet 1997, en fin de matinée (je me vois encore dans la rue à ce moment là), alors que je me forçais une fois de plus à regarder les filles, ce fut la révélation : « Arrête de te mentir, tu préfères regarder les garçons. »
Cette journée là, en fin d’après-midi (j’étais à Paris depuis un an), un copain me demande si je veux l’accompagner au bal des pompiers sur le bord de la Seine vers l’hôtel de ville. Il n’était pas sûr de l’endroit. Nous voyons des jeunes danser sur les quais, nous descendons et là nous nous rendons compte que c’est pleins d’homos… (C’était le bal gay du bord de Seine du 13 juillet !!! Comme par hasard !!!). Mon copain me demande si ça me dérange … Non bien sûr mais j’hésite… et on reste danser là.
Je me fais draguer par un garçon, il me parle, je « vole », il est beau, je suis déjà amoureux, on s’échange nos numéros de téléphone, on se fait la bise, il s’en va. Mon copain ne comprend pas ce qui se passe (il est hétéro et pensais que je l’étais) mais je m’en fous, je ne veux plus passer à côté de ce que je ressens. Les mois qui suivirent restent à jamais gravés dans ma mémoire. C’est à ce moment là que j’ai rencontré Philippe avec qui je suis resté quelques mois. Ce fut ma première véritable histoire d’amour. Nous avons découvert ensemble un monde que nous n’imginions même pas. Enfin l’homosexuel n’étais plus vu comme quelqu’un de négatif et repoussant, mais au contraire attirant, intelligent, drôle, beau… C’est l’époque des bars, des boites de nuit, de l’amour, des soirées entre homos,… Une énergie énorme m’animait : je vivais enfin mon adolescence (à 22 ans).
C’est alors que j’ai annoncé mon homosexualité à tous mes amis hétérosexuels et à ma famille. Personne ne m’a repoussé. On m’aimait avant, on était prêt à m’aimer après. C’est plutôt moi qui ai pris un peu de distance car je voulais vivre avec mes semblables, les seuls qui pouvaient me comprendre. Avec du recul, je ne regrette pas cette période entourée d’homos car ce temps m’a permis de me structurer, de devenir plus fort, d’être moi. C’est là que j’ai puisé la force pour affronter ma famille, mes collègues de travail, le boulot, la société. Désormais je ne me laisserais plus dicter comment je devais être ou ne pas être. J’étais moi, David, homosexuel, aimant les garçons et prêt à le crier partout !
 
Quand je l’ai dit à ma famille
J’ai commencé à le dire à mes frères et sœurs. On m’a conseillé de ne pas le dire à ma mère tout de suite car ce n’était « pas le moment »… et quand je l’ai dit à ma mère, elle m’a reproché de ne pas lui avoir dit avant mes frères et sœurs ! Je l’ai dit à ma mère sur le quai de la gare, avant mon retour à Paris. Elle m’a dit avoir un peu pleuré dans la voiture en rentrant à la maison. Depuis, elle a posé beaucoup de questions et rencontré deux de mes petits copains (dont le dernier avec qui je vis depuis trois ans). Mes frères et sœurs l’ont très vite accepté (même s’ils pensent que ce n’est pas très naturel !) et ont aussi invité et rencontré mes petits copains chez eux. Pour mes cousins et cousines, c’est moins facile. Cela reste tabou mais les choses évoluent à grands pas ces derniers temps car ils ont rencontré Damien mon copain. C’est moins facile de l’ignorer quand on le connaît. Ma cousine avait quand même dit à ma mère qu’il n’était pas question que je vienne chez eux avec mon petit copain. Elle a changé d’avis depuis. D’autres ont dit à ma mère : « Ne t’inquiètes pas, c’est un passade, c’est la mode dans ce milieu d’ingénieurs… ! ».
Je l’ai dit à mon père cet été, il souhaite rencontrer mon copain… affaire à suivre. Je connais la famille de mon copain depuis deux ans mais je ne suis allé chez eux pour la première fois qu’à Pâques cette année. La situation évolue aussi de ce côté là.
 
Aujourd’hui
Je milite à l’association CONTACT depuis 4 ans et j’ai beaucoup évolué au contact des mères, pères, frères et sœurs, homosexuels et lesbiennes de l’association. Je suis aujourd’hui un bénévole actif de l’association. J’écoute et j’aide ceux qui ont du mal à vivre leur homosexualité dans leur entourage, ou ceux qui ont du mal à accepter l’homosexualité d’un proche.
Je vis depuis trois ans avec Damien, dont je très suis amoureux et avec qui je vais me pacser cette année.
N’ayez pas honte de votre homosexualité ou de celle d’un de vos proches. Il n’y a aucune raison.
 
David
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Témoignage de Catherine

« Ma fille est homosexuelle »

 
Catherine 50 ans, est maman de deux enfants, Caroline 20 ans et Éric 16 ans. Depuis trois ans, elle sait que sa fille est différente et ne se mariera jamais avec un homme…
 
« Voilà longtemps que j’avais le pressentiment que ma fille était homosexuelle, sans me l’avouer. Petite, quand Caroline partait en colonie de vacances, elle craquait toujours pour des monitrices, à l’âge où les gamines s’entichent plutôt de leur moniteur. Je me posais des questions, sans trouver de réponses. Et puis ma fille s’est mise à me lancer de plus en plus de perches, par exemple en me parlant de films qu’elle souhaitait voir et qui traitaient de l’homosexualité. Elle disait aussi très souvent qu’elle n’était pas prête d’avoir des enfants.
Je rassemblais tous ces indices, sans en tirer vraiment de conclusion. Mais il y a trois ans, je me suis permise de lire des notes qui traînaient sur son bureau. Caroline y racontait qu’elle était attirée par d’autres filles, elle parlait de l’amour entre personnes du même sexe. C’était très explicite. Mes doutes ont été confirmés : ma fille qui avait alors 17 ans était homosexuelle. Mais pour me rendre complètement à l’évidence, j’avais besoin que Caroline me le dise elle-même. J’avais préparé une petite liste de sujets dont je voulais discuter avec elle sur son école, son orientation. J’avais inscrit cette question parmi d’autres : et tes préférences ? Elle m’a répondu très simplement : je préfère les filles.
Lors de cette première discussion, nous ne sommes pas allées plus loin. À l’époque, ma fille vivait bien son homosexualité. Elle avait 17 ans, tout s’ouvrait à elle, elle se sentait très bien dans sa peau. Elle n’éprouvait pas le besoin d’en parler et je me suis retrouvée très seule face à cette révélation. Même si j’étais sûre de ce qu’elle allait répondre, cela a quand même été un choc. Je me suis soudain sentie enfermée dans un placard de silence, une cellule aux parois très rapprochées.
Je me suis évidemment demandé ce que j’avais raté dans son éducation, les erreurs que j’avais pu commettre. Mais cette culpabilité est passée assez rapidement. En revenant en arrière et en constatant que Caroline avait toujours été attirée par les filles, j’ai fini par me dire que je n’y étais sans doute pour rien. Je ne me sentais pas honteuse non plus, je ne redoutais pas le « qu’en dira-t-on ». Je me faisais tout simplement du souci pour ma petite fille, j’avais peur de l’incompréhension des autres. Elle allait faire partie d’une minorité, je craignais qu’elle soit discriminée, agressée, qu’elle vieillisse seule, isolée au milieu des autres, qu’elle ne puisse pas avoir d’enfants alors qu’elle les adore. En plus, j’ignorais tout de l’homosexualité, de la façon dont vivent les homosexuels, ce qu’ils ressentent. J’avais bien des amis homos mais nous n’avions jamais abordé ce sujet ensemble. J’étais face à l’inconnu et c’est surtout cela qui m’angoissait.
J’ai alors cherché à m’informer à tout prix. Je suis allée sur Internet pour participer à des groupes de parole et de discussions. J’ai pu poser toutes les questions que j’avais dans la tête à des homos et parents d’homos. Au début, je n’avais qu’un seul but : comprendre pourquoi. Toutes les réponses qu’on m’a fait allaient dans le même sens. Il n’y a pas d’explication à l’homosexualité, il n’y a rien d’autre à faire que de constater l’homosexualité de son enfant. Ce n’est pas un choix de sa part, mais un fait. En comprenant cela, j’ai beaucoup avancé. Comme j’avais besoin de me confier de vive voix, de partager ce qui m’arrivait avec d’autres personnes vivant la même chose, je me suis tournée vers une association de parents d’homosexuels. J’ai participé à des réunions, des rencontres. C’est ce qui m’a sauvée de l’enfermement !
Quand Caroline a décidé d’en parler à son père, mon ex-mari, cela s’est très mal passé. Il a refusé de la voir pendant six mois, lui lançant à la figure qu’elle n’était plus sa fille. Pour lui l’homosexualité était un choix contre nature. Je lui ai donné des livres et des articles à lire, j’ai tenté de lui expliquer. Finalement, il a accepté de revoir Caroline, mais il n’aborde jamais le sujet.
Moi, je n’ai pas choisi cette politique du silence avec ma fille. Ce qui m’importe avant tout, c’est de maintenir le contact et la communication. Elle me raconte ses aventures et ses coups de foudre, exactement de la même façon que mon fils de16 ans me parle des filles dont il tombe amoureux. Je ne vois pas de différence entre les amours de mes deux enfants. Caroline sait qu’elle peut me présenter ses amies, que je les reçois sans problème. Au début, c’est assez déstabilisant de voir sa fille avec une autre femme, puis on s’habitue. De toute façon, Caroline ne pourra jamais changer, j’ai donc tout à gagner à essayer de la comprendre… et tout à perdre en la rejetant.
Aujourd’hui qu’elle a 20 ans, je crois que Caroline a plus que jamais besoin de moi, de mon soutien. Elle est en train de franchir un nouveau cap. Elle découvre la crainte de l’agression et le regard parfois accusateur des autres, la difficulté d’être différente. À 17 ans, elle sortait beaucoup en boîte homo car elle avait sans doute besoin d’appartenir à un groupe, de rencontrer des gens comme elle. Maintenant, elle recherche plutôt l’anonymat et ne veut surtout pas être cataloguée comme homosexuelle. Elle redoute les propos homophobes, les insultes : il faut savoir que cela arrive malheureusement souvent.
De mon côté, je suis très discrète sur ma vie privée. Au travail par exemple, personne n’est au courant de l’homosexualité de ma fille. Je n’ai pas envie d’être obligée d’en parler ni que ce sujet devienne source de racontars au sein de la petite entreprise dans laquelle je travaille. Même dans ma famille, je n’ai jamais abordé la question ni avec ma mère, ni avec mes frères. Je ne les crois pas prêts à recevoir cette nouvelle, à la comprendre, l’accepter. Tout le monde s’en doute certainement, mais personne n’en parle… Alors que je me sens capable de mener une croisade à l’autre bout de la terre pour que les homos puissent vivre mieux et que les esprits s’ouvrent, je ne parviens pas à le faire dans ma propre famille :
Le frère de Caroline était en revanche au courant bien avant moi, car sa sœur lui avait fait des confidences. Mes deux enfants sont très complices et très liés. Éric l’a très bien pris, comme quelque chose de parfaitement naturel. La jeune génération est beaucoup plus tolérante et moins prisonnière de tabous que nous. Cela me donne de l’espoir pour l’avenir de ma fille… » . Catherine.

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