Europe : les droits fondamentaux des LGBT mis en péril dans les services publics.

flag-europe-gay(article publié le 22 mars 2016)
Le 16 mars dernier, l’agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne (FRA en anglais) a publié une étude comparative à travers 19 états membres de l’Union, dont la France, sur l’approche des personnes LGBT dans les domaines de la santé, des services de police et de l’éducation.
L’enseignement principal de ce rapport est le manque de formations et d’informations fournies par les autorités locales auprès des principaux services publics et surtout aux professionnels de santé.
En Europe, dans la lutte contre l’homophobie, les agents publics, responsables de santé, enseignants et policiers manquent cruellement d’information et de formation pour comprendre le besoin des personnes LGBT afin d’empêcher toute action de discriminations.
Selon le directeur de l’agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne (FRA),  Michael O’Flaherty : « Les dernières conclusions de la FRA révèlent que certains médecins sont toujours convaincus, à tort, que l’homosexualité est une maladie. Elles mettent en avant la nécessité pour l’UE et ses États membres de donner les moyens aux agents publics d’accomplir leur devoir en offrant des services de qualité pour contribuer à mettre un terme aux souffrances dont sont victimes de nombreuses personnes LGBT », et d’ajouter : « Les personnes LGBT ont les mêmes droits à l’éducation et aux soins de santé que quiconque et doivent être traitées sur un pied d’égalité. Elles ont également le droit de mener leur vie dans la dignité, sans peur et discrimination »
logo-fraL’Agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne (FRA) est une agence créée en 2007 par les traités de l’Union Européenne. Elle a succédé à l’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes. Cette agence fournit des avis et recommandations aux institutions de l’Union Européenne et aux États membres, contribuant ainsi à des débats et à la mise en place de politiques en matière de droits fondamentaux des personnes qui résident dans l’UE et notamment les citoyens  (LGBT – lesbiennes, gays, bisexuels, et trans).
Ce nouveau rapport de 100 pages ne fait que confirmer ce que les associations LGBT vivent au quotidien en Europe en appuyant sur quelques détails notamment en France. On en conclue aisément la nécessité de coordonner les différentes politiques nationales contre les discriminations sans oublier le besoin de soutenir les associations LGBT pour y parvenir.

Santé

sante-gayAu sein de l’Union Européenne, dans certains pays la moitié des médecins considèrent toujours l’homosexualité comme une maladie et la transsexualité comme un trouble mental comme en Bulgarie, en Hongrie, en Italie, en Lettonie, en Pologne, en Roumanie ou en Slovaquie. Or le positionnement des professionnels de santé influence fortement les politiques de leurs gouvernants freinant ainsi la lutte contre les discriminations.
En 2010, l’Europe avait déjà lancé une recommandation aux États membres pour que les services de soin tiennent compte des besoins spécifiques des personnes LGBT. Aujourd’hui, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne (FRA) remarque que seuls quelques pays comme la France, l’Irlande et certaines régions de l’Italie et du Royaume-Uni ont commencé à mettre en œuvre une telle politique. Le rapport souligne les actions réalisées en France concernant les personnes LGBT. Sur ces actions l’Agence reconnaît les efforts lié à la lutte contre le suicide chez les jeunes LGBT mais aussi le travail ciblé autour du VIH comme avec l’association Aides et les tests rapide de dépistages.
En Italie, et en Toscane en particulier, les questions de santé les personnes intersexuées ont été intégrées dans le plan stratégique de santé sociale.
Concernant le public transidentitaire, l’agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne (FRA) reconnaît les efforts de prise en charge de soins mais qualifiés encore d’insuffisants. En parallèle, des États membres de l’UE ont mis en place une formation spécialisée dans certains domaines de la santé transidentiaire. Dans quelques pays comme la Lituanie, Malte, les Pays-Bas, la Pologne et le Royaume-Uni, la transidentité est inclue dans quelques cours mais hélas encore cantonnée dans des programmes de psychothérapie. Les spécialistes travaillant dans ce domaine n’hésitent pas à former d’autres professionnels dans d’autres pays comme la Croatie, l’Espagne et même la France. Pour ces derniers pays l’agence européenne considère que la question trans est presque inexistante au sein du système de santé public. Aujourd’hui, pour ces états membres, il s’agit plus d’auto-formation par l’apprentissage. Ce rapport européen dénonce les difficultés de travail, en France, entre les associations trans et les professionnels de santé psychiatriques. La France doit faire des efforts dans ce domaine.

Éducation

education-gayDans l’éducation, le rapport précise que la situation des personnes LGBT s’est améliorée dans les États membres de l’UE en Croatie, en Italie, en Irlande, à Malte et au Royaume-Uni. Néanmoins le harcèlement des jeunes LGBT dans le milieu éducatif est toujours présent à l’échelle de l’Europe et prend la forme de violences verbales, d’intimidation sur les réseaux sociaux et aussi de violences physiques. Les professionnels interrogés dans cette étude déclarent que les violences verbales homophobes sont très courantes dans les écoles de l’Union Européenne, le mot « gay » étant couramment utilisé comme un support d’insulte dans beaucoup de pays notamment en France. Par ailleurs, l’agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne (FRA) reproche au corps enseignant, notamment français, de ne pas prendre suffisamment de sanctions contre les actes homophobes que subissent les élèves LGBT.
Au sein de l’Union beaucoup d’enseignants cachent volontairement leur homosexualité de peur de subir des représailles comme les insultes et les agressions. Dans une minorité d’États membres, dont la France et l’Irlande, les enseignants mettent en place des plans d’actions pour traiter spécifiquement les questions LGBT à l’école. Ces dispositifs restent encore timides selon l’agence européenne. Quand des programmes éducatifs sur les discriminations sont mis en place dans les États membres de l’UE, le plus souvent la lutte contre l’homophobie est absente. Des enseignants comme en Bulgarie ont tenté de mettre en place de tels programmes mais ils ont échoué, accusés de vouloir importer le « problème de l’homophobie »…. comme si l’homophobie n’existait pas. Quand la sexualité est évoquée en classe, l’homosexualité est souvent oubliée des manuels scolaires.
Le rapport de l’agence européenne souligne nettement le manque de formation et de sensibilisation du corps enseignant aux questions LGBT. Néanmoins, l’agence reconnaît que des efforts ont été entrepris notamment en France dans le cadre des campagnes nationales de harcèlement à l’école avec l’édition de brochures à destination des éducateurs. Mais le rapport met en évidence que les infirmiers et les infirmières sont le plus souvent les seules interlocuteurs dans les écoles à traiter les questions LGBT… ce qui contribue aisément à la pathologisation des personnes LGBT en France et en Europe.

Police

GPA-logoUn nombre croissant d’États membres de l’UE ont commencé à renforcer leur coordination dans l’appréciation des droits fondamentaux LGBT, notamment par le biais du Réseau européen Gouvernemental LGBT Focal Points, qui comprend des représentants de la plupart des États membres de l’UE.
Ainsi le 17 mai 2013, onze états membres de l’UE (Autriche, Belgique, Croatie, Danemark, Finlande, France, Italie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas et la Suède) ont signé une déclaration commune appelant la Commission européenne à intensifier ses efforts à l’échelle européenne dans la lutte contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.
L’agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne (FRA) constate que les crimes de haine à l’égard des personnes LGBT sont rarement reconnus, signalés et enregistrés. Ainsi elle recommande aux États membres de veiller davantage à garantir la protection des personnes LGBT et de mettre en place des lois contre les crimes de haine fondés sur l’orientation sexuelle et quand ces lois existent qu’elles soient correctement appliquées. Enfin, l’agence recommande plus d’effort dans l’accueil et l’enregistrement des actes homophobes.
EGPA-logo-webL’agence européenne rappelle l’initiative de l’association non gouvernementale « European Gay Police Association (EGPA) », cette coordination existe depuis 2004 au niveau des forces de police pour développer la connaissance et l’approche du public LGBT (pays participants : membres UE et non UE : Autriche, Belgique, France, Allemagne, Irlande, Italie, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suède, Suisse, Royaume-Uni.)
En France, c’est l’association FLAG (policier, militaires et gendarmes LGBT) qui participe à cette association et réalise un travail de sensibilisation auprès des forces de polices sur les questions LGBT pour comprendre et mieux accueillir les victimes d’homophobie. Mais le rapport de la FRA reconnaît qu’il reste énormément à faire à l’échelle européenne, même en France et que cela pourrait prendre 20 ans.

map-europe-gayClimat social et religions…

Dans ce dernier rapport l’agence européenne souligne que la crise économique n’a pas amélioré la situation des personnes LGBT. L’étude note que le climat social défavorable du pays agit comme un obstacle majeur au développement et à la mise en œuvre de l’égalité.
Le rapport précise également que les institutions religieuses constituent aussi des obstacles à l’avancée des droits LGBT du fait de leur influence sur les partis politiques même si quelques religions ont progressé sur la question comme les protestants et étonnamment l’église catholique. Cette dernière aurait fait des efforts significatifs pour mieux comprendre les questions LGBT comme en Irlande, à Malte ou en Pologne sans pourtant aller plus loin dans la reconnaissance de l’égalité des droits (exemple : le mariage).
Courant 2016, l’agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne devrait publier des statistiques détaillées sur la prise en charge de la lutte contre l’homophobie dans les services publics.

Pour aller plus loin

rapport de l’agence sur les discriminations, mars 2016 (lien externe .pdf, en anglais, le rapport n’existe pas en Français à cette date)
site de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne – dossier LGBT (lien externe)
site de l’Ilga Europe association de défense des LGBT en Europe (lien externe)
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